En d’autres temps, que faisait-on de nos déchets de table ? De même que « tout est bon dans le cochon », en fait tout était bon… POUR les cochons. Alors pourquoi cette pratique a-t-elle disparu ?
Que ce soit dans les restaurants, les cantines ou à la ferme, restes de repas ou de cuisine étaient le plus souvent conservés et collectés pour entrer dans le menu des cochons. Rien ne se perdait. En général, ils étaient mélangés à d’autres résidus végétaux non consommables pour nous, des céréales, des pommes de terre non commercialisées, voire quelques animaux morts sur la ferme… Le tout était la plupart cuit pendant des heures dans un « cuiseur », une sorte de grosse marmite.
Les cochons – omnivores, comme nous – se régalaient alors de ce délicieux ragoût mitonné par leur éleveur ou sa femme.
Jusque dans les années soixante, chaque ferme ou presque possédait quelques porcs, dont la principale mission était de transformer à bon compte cette nourriture disponible en abondance. Il y avait donc toujours des cochons à proximité des villes et villages, répartis dans tout le pays. Depuis des milliers d’années, c’était d’ailleurs la première mission des cochons : consommer les refus des hommes. C’est loin d’être le cas désormais, les porcs étant engraissés dans de grands élevages spécialisés et localisés en certaines régions, comme la Bretagne qui produit 90 % des porcs en France !
La collecte et le transports de nos déchets alimentaires en Bretagne n’est donc pas envisageable, en tout cas sans un bilan carbone négatif qui annulerait les bénéfices écologiques que l’on pourrait en attendre. Mais en Bretagne-même, pourquoi pas ? En réalité, deux raisons principales s’y opposent :
– la réglementation sanitaire interdit désormais cette pratique
– les mélanges de déchets seraient très hétérogènes et ne satisferaient pas les besoins des porcs d’aujourd’hui, sélectionnés depuis de décennies pour faire le moins de gras possible…
(Il faut savoir ce que l’on veut !)
Cependant rien n’empêche quiconque, en théorie, de distribuer ses propres déchets à ses propres cochons. Dans ces conditions, avez-vous pensé à ceci : que faisait-on du gras de jambon, des restes de rôti de porc, de choucroute ou autre peau de saucisson ? Les triait-on avant de les proposer… à d’autres porcs ? Bien-sûr que non ! En cela, l’on entretenait une forme de cannibalisme, non ? Et qui s’en offusquait ? Personne. Et il n’y avait pas de quoi.
De tout temps, des restes de porc ont été mangés par d’autres cochons sans conséquence particulière. Mourrait-on plus souvent à cause de ce que nous mangions ? Certes oui. Mais surtout à cause de la qualité sanitaire de nos aliments et de nos modes de conservation, pas à cause des « cochons cannibales » ! Si ce n’est en cas d’épidémie (ou « épizootie, chez les animaux), d’où une cuisson soignée des restes alimentaires.
Dans la nature, enfin, certaines femelles sauvages – comme la laie, par exemple – peuvent être amenées à dévorer leur propre portée en cas de disette, afin d’assurer leur propre survie. C’est gore(t), mais c’est la nature…
Finalement tout est vraiment bon… POUR le cochon !